L'HISTOIRE DU VODOUN
Le Vodoun est une religion africaine née au Dahomey, aujourd’hui le Bénin. Depuis les pays du Golfe de Guinée surnommé la Côte des esclaves, il s’est répandu dans certaines régions où se trouvent les populations d’origine africaine, au Brésil, à Cuba, à la Trinidad et surtout à Haïti.

Aujourd’hui, une association de prêtres et de laïcs, le « Sillon noir », étudie le Vodoun en vue de l’inculturation de la foi catholique en Afrique, car il existe une culture du Vodoun reconnaissable dans les danses, les parures, les cérémonies d’initiation.

Le point de départ du Vodoun est la connaissance des secrets de la nature, notamment la vertu des plantes pour maîtriser les forces vitales ou se les concilier en vue d’améliorer la qualité de la vie sur terre. Mais progressivement les hommes ont divinisé ces forces et certains de leurs ancêtres, pour entrer en relation avec leurs esprits par des pactes mystiques.

Le Vodoun est une religion parce que les ancêtres fondateurs des peuples béninois ont eu l’intuition de la divinité, d’un Dieu suprême créateur ; mais au lieu d’adorer ce Dieu, ils ont abouti à une pluralité de divinités : Vodouns familiaux comme les dieux lares des Romains, Vodouns royaux et enfin les divinités-idoles liées aux forces de la nature ou à la divination au service des besoins humains notamment la guérison, la richesse et le pouvoir.

Au Bénin, le culte Vodoun comporte un rituel précis et structuré, des pratiques adaptées à des objectifs donnés, une hiérarchie de prêtres, des adeptes, hommes et femmes. Mais certains Vodouns ont intégré à leur rituel des puissances magico-sorcières, ce qui est un réel danger pour la foi chrétienne, une arme maléfique aux mains des devins guérisseurs ou des grands prêtres, influents comme des gourous. Les dangers spirituels sont l’idolâtrie, le syncrétisme religieux, l’occultisme, obstacles à une foi évangélique solide. Cette situation nécessite une pastorale appropriée et un accompagnement spirituel en vue de la délivrance des personnes liées ou oppressées. Si on ne connaît pas la genèse d’une religion non révélée et ses fondements, on ne pourra ni en parler ni aider éventuellement ceux qu’elle déroute ou manipule.

I. Origine, nature et diversité du Vodoun
Nous présenterons d’abord la religion Vodoun et ses cultes au Bénin puis en Haïti et au Brésil dans un esprit d’ouverture et de tolérante compréhension car dans la Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, il est écrit : « De même, aussi, les autres religions qu’on trouve de par le monde s’efforcent d’aller – de façons diverses – au-devant de l’inquiétude du cœur humain en proposant des voies c’est-à-dire des doctrines, des règles de vie et des rites sacrés. L’Église Catholique considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines. Toutefois elle annonce et elle est tenue d’annoncer sans cesse le Christ qui est « La Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses ».

1. La Naissance des Vodouns
Le mot Vodoun, employé dans l’aire de civilisation Adja – Fon – Goun du Bénin ou Orisha chez les Yoruba du Nigéria, signifie ce qui est mystérieux et désigne une entité spirituelle, une véritable déité. On peut définir les Vodouns comme :

• Les idées que les croyants se font de diverses puissances immatérielles émanant soit de faits de la nature, soit de personnes humaines ayant rang d’ancêtres.
• Les lieux matérialisés par un autel où s’effectue la communication avec ces puissances.1
Une première ligne de Vodouns part de la connaissance des vertus des feuilles et gravite autour des éléments du Cosmos.
Les anciens, confrontés aux difficiles conditions de vie dans un milieu hostile, se sont émerveillés devant les forces de la nature et ont cherché des explications cohérentes. Quelle force agite tout le temps et fait bouillir la mer ? La foudre et le tonnerre expriment sans doute la colère de la force suprême, le créateur caché, qu’il faut tout faire pour apaiser. Comment arrêter une épidémie de variole qui répand la terreur ?

Le Vodoun vient de la prise de conscience de l’auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l’âme, qui anime tous les êtres et même les éléments matériels inertes ou vivants, d’où le mot animisme parfois employé pour désigner les religions traditionnelles d’Afrique.

Dans la religion Vodoun, le Dieu suprême est un couple créateur Mahou-Lissa qui a accouché d’une multitude d’esprits, les Vodouns. Face à Mahou l’inégalable, l’homme est minuscule. Il ne peut s’adresser à Dieu que par l’intermédiaire des Vodouns pour avoir le bonheur, des enfants, échapper à ses ennemis et acquérir la force vitale. Ces esprits sont des liens entre le visible et l’invisible.

Lorsque l’homme béninois a trouvé des remèdes naturels, des recettes pour guérir par exemple la variole, la morsure d’un serpent ou maîtriser les puissances adverses, neutraliser et envoûter les facultés de l’individu, il va stocker jalousement toutes ces données utiles, les cacher comme un trésor dans un canari qu’il enterre en un endroit. Là il élève un autel comme lieu de conciliation avec les forces d’agression invisibles. Il s’agit désormais d’un Vodoun. C’est pourquoi le « Sillon Noir » a écrit que le « Vodoun naît à partir de la connaissance des feuilles ».

Mais le savoir acquis par les phytothérapeutes a une double dimension :

• Une dimension magique de puissance de bienfaisance (préparation de médicaments) ou de nuisance (poison ou gris-gris maléfiques).

• Une dimension de culte en hommage au donateur mystérieux avec lequel le magicien thérapeute a noué une alliance.

« Ainsi certains types de remèdes ou formes de guérison vont fonctionner sur le principe du symbolisme mystique sur fond d’un lien entre les esprits »2 Les propriétaires de ce Vodoun, les détenteurs de ces connaissances en deviennent les gardiens, des personnages très respectés. Autour d’eux se constitue une confrérie secrète avec des prêtres qui recrutent, organisent et dirigent des initiés et des adeptes, les messagers du Vodoun. Ceux-ci danseront pour lui et apporteront ce que le Vodoun mangera dans le couvent, dans sa maison.

Il existe de nombreuses recettes que nous avons vu des praticiens du Vodoun mettre en œuvre : pour guérir une stérilité et des fausses couches successives ou pour empêcher une femme de commettre l’adultère. Dans ce dernier cas, lorsque les amants sont physiquement unis, ils ne pourront plus se détacher, tels un chien et une chienne noués dans la copulation. Grâce à mes propres connaissances en phytothérapie, j’ai pu obtenir d’un guérisseur à qui j’ai indiqué une recette contre la cystite, qu’il me montre une plante qui permet de franchir les barrages routiers et douaniers lorsqu’on la met dans ses bagages. J’ai vu une préparation à base de piment rouge attaché par un fil noir brouiller de façon incompréhensible des amis intimes. Il existe des plantes stimulantes de la mémoire qu’on utilise dans les couvents pour accélérer l’apprentissage de la langue sacrée, des plantes pour forcer quelqu’un à devenir l’adepte du Vodoun. Il suffit de l’effleurer avec la feuille, de lui faire enjamber la plante posée sur son chemin ou de lui faire serrer votre main frottée du jus de la feuille. Immédiatement la personne accepte ce qu’elle refusait en croyant que le Vodoun l’a appelé.

Il y a des formules pour faire tomber la foudre à volonté, afin de tuer par exemple un voleur récidiviste en prétendant que c’est le Vodoun du tonnerre qui l’a puni. Si on place sur votre route une certaine plante et que votre véhicule passe dessus, vous ferez un accident dans le kilomètre qui suit. « Si dans certaines formules les principes naturels seuls agissent, dans beaucoup d’autres, les remèdes-incantations et les remèdes-offrandes sacrificiels n’opèrent pas par eux-mêmes dans le cadre de la guérison ; ils sont des vecteurs mystiques-symboliques ».3

Les principaux Vodouns représentant des forces de la nature. Ils sont communs à tous ; on les appelle les dieux du peuple : Xévieso ou Shango, divinité de l’orage et du tonnerre, qui châtie en envoyant la foudre ; Sègbo Lissa le caméléon ; Hou la mer, demeure de Mamy Wata, la déesse ou dame des eaux, symbole de la beauté physique et dispensatrice de la richesse ; Sakpata, maître de la terre, a le pouvoir d’infliger ou de guérir la variole ; Dan ou Dangbé (Python regius), le serpent bon, parce que non venimeux, symbolise la continuité de la vie avec ses bonheurs et ses malheurs. À Haïti d’après un auteur du XVIII siècle, ce « vaudou » symboliserait la connaissance du passé, la science du présent, la prescience de l’avenir et la toute puissance ; l’Arc-en-ciel, lien entre ciel et terre est considéré aussi comme un serpent pourvoyeur de richesse. L’Ogou ou Gu, le dieu du fer, protège les forgerons et les guerriers ; il y a des arbres considérés et adorés comme Vodoun tels que l’Iroko (Loko) ou le Kolatier. Le soleil est le Vodoun du feu ; enfin le Lègba ou Eshou une divinité fantasque, messagère des autres divinités, incarne le destin ; il est chargé de la sécurité des maisons, des villes, des marchés. Parfois des anomalies physiologiques sont considérées comme des Vodouns, par exemple un enfant albinos, un hydrocéphale, les jumeaux.

La deuxième catégorie de Vodouns est celle des Vodouns ancestraux

Dans sa recherche de l’origine de la vie pour se relier au Dieu créateur de tout, l’Africain a commencé à vénérer l’ancêtre fondateur de son lignage au niveau de la famille, du clan, de la tribu et de la dynastie…

Guédègbé, le célèbre devin de la cour royale, a défini le Vodoun comme « le culte que nous rendons à nos souvenirs les plus chers » notamment le souvenir de nos racines humaines, c’est-à-dire de l’ancêtre qui rassemble tous les enfants du lignage pour tisser la fraternité, garder l’unité et la stabilité du noyau familial. Ainsi est né le culte des ancêtres. Cette démarche positive de piété filiale trouve sa justification dans le 4eme commandement de Dieu qui prescrit d’honorer son père et sa mère. Dans ce contexte, commémorer le souvenir de nos morts n’est pas la simple célébration d’un mémorial mais une communion au mystère de Dieu, puisque le paradis est le lieu où vivent les ancêtres qu’on retrouvera. Ceux d’entre eux qui ont maîtrisé des forces de la nature ou des connaissances deviennent des divinités Vodouns susceptibles de transmettre leurs pouvoirs à leurs descendants au cours des transes de possession.

Des prêtres organisaient des cérémonies au niveau de chaque unité constitutive de la société : maison, quartier, village, région, royaume. Mais la pratique du culte des ancêtres divinisés s’est transformée en un instrument de pouvoir, de manipulation et d’exploitation. Le Père-ancêtre-vénéré a pris un visage ambivalent, soit celui d’une déité qui accorde des bienfaits si on lui offre des sacrifices, soit celui d’une puissance qui peut punir ou tuer ses descendants en instaurant un climat de menace ou de peur. De même, l’image de la femme, de la mère porteuse et donneuse de vie a été pervertie. En référence à la marâtre des familles polygamiques, elle est devenue la sorcière qui tue. Ainsi donc par volonté d’exploiter et de mystifier, des germes de soupçon et de méfiance ont défiguré le culte des Vodouns ancestraux et brisé la cohésion familiale.

La troisième catégorie est celle des Vodouns créés autour de la figure du roi.

Pour contrer et contrôler les autres Vodouns, pour garantir l’ordre socio-politique et coordonner tous les clans, le Roi a fait de la société-nation un Vodoun et est ainsi devenu le détenteur du pouvoir de vie et de mort, de la violence légitime. Le Vodoun royal a joué une fonction idéologique de légitimation du pouvoir et d’intégration sociale dans la société traditionnelle. Il a même intégré les Vodouns des peuples conquis ou alliés en les ramenant avec leurs prêtres dans la capitale politique, Abomey. Désormais à partir du règne du Roi Glélè, les Vodouns seront hiérarchisés. Les Vodouns de la famille royale comme Agasu, l’ancêtre fondateur de la lignée royale et d’autres comme Zomadonou, Ninssouhoué, Tohossou, le roi des eaux : lagunes, sources et puits, devinrent prééminents jusqu’à l’éclatement des centres de pouvoir après la colonisation.

La quatrième catégorie de Vodoun a été introduite dans la cour du Roi, à partir du Nigeria

Le Fâ, puissance magico-sorcière, considérée comme la mère des Vodouns et donc la divinité la plus importante du panthéon du Sud-Bénin, est la divinité de la connaissance occulte et du savoir par la divination avec la technique de la géomancie. Il est à la fois la divinité et le système de divination.

Le Roi va s’en servir pour jouer son rôle de contre-pouvoir de toutes les autres catégories de Vodouns. L’interprète du Fâ le Bokonon en est le prêtre. Les rois le sollicitaient souvent, et la consultation du Fâ pour toute décision publique ou même privée a fini par s’imposer, qu’il s’agisse d’établir un diagnostic médical, d’éclairer le présent, de décrypter ce que l’avenir obscur lui réserve ou d’explorer le passé. Le Fâ révèle l’horoscope ou le signe de vie des gens, prescrit les sacrifices à offrir aux Vodouns, les interdits à respecter pour apaiser sa crainte, vivre en harmonie avec les divinités et s’assurer une vie dans l’au-delà.

Le Fâ a deux aspects : l’un culturel pour le Fâ extérieur qui comporte des chants, des proverbes, des récits, des contes. Les Bokonon en parlent volontiers. Mais il y a le Fâ mystique qui sert à l’initiation au pouvoir occulte et dont on ne dit rien car il repose sur le Gbadou, un pouvoir presque satanique qui ne s’acquiert qu’après avoir commis un forfait ignominieux, un meurtre rituel, par exemple tuer un bébé dans le sein de sa mère avec un bâton, donc supprimer une vie innocente en sa genèse. Cebâton devient le symbole d’un pouvoir qui s’apparente à celui des sorciers ou des chamanes.

Enfin le Vodoun Kenninssi, source de la magie (blanche ou noire) est en fait la synthèse de toutes les divinités, au nombre d’environ 40 fois 4 = 160, soit la totalité des divinités. Il peut donc prétendre détenir le pouvoir redoutable d’anéantir tout sorcier ou opposant.

L'INITIATION Vodoun

Il serait raisonnable que nous evitions de chercher a comprendre le contenu des initiations Vodoun. Ces initiations ne derivent pas d'un drame rituel farfelu, mais d'une philosophie dont notre ignorance nous empeche de saisir la profondeur.

Parfois l'initiation est longue et integre les periodes de transe, de possession, coma qui nouent des rapports etroits et tres particuliers entre les vodounsi et le Vodoun lui-meme L'initiation integre aussi des periodes d'apprentissage. De serieux chercheurs, nous ont rapporte que le rituel lie a l'nitiation Vodoun est un voyage permanent entre trois moments : La naissance, la mort et la reincarnation.

Parmi tant d'autre, le choix de cette initiation est lie a deux facteurs :
- La richesse de la symbolique qu'elle contient.
- Le serieux du travail de chercheur dont Gilbert Rouget a fait preuve lors de ces multiples voyages vers le Benin.

Naissance d''une novice de Sakpata. La croyance determine parfois de facon contraignante, la pratique de certaines activites economiques. Les forgerons, les potiers, les tisserands, vannier, le plus souvent constituent des castes liees a des obediences bien definies.( Apprenti et tolerance mutuelle, esprit de complementarite l'un a besoin de l'autre. )
Alors le Vodun determine le sens de la vie, le sens de l'homme.
D'apres la mentalite africaine marquee par le Vodun , l'Homme n'est pas Dieu et Dieu n'est pas Homme .

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